2024 : le pivot doit également être climatique
A l’occasion de sa conférence de presse de début d’année, Dorval Asset Management a présenté ses perspectives pour 2024. Si 2024 s’annonce comme l’année des pivots du côté des banquiers centraux, le pivot doit également être scruté sous l’angle climatique, estime Laurent Trulès, gérant-analyste et coordinateur de l'investissement responsable chez Dorval AM.
Comment expliquer les contre-performances globalement des stratégies "climat" ces dernières années ?
L.T: Pour apprécier au mieux ces contre-performances il convient d’en cerner le point de départ. L’année 2020 et les précédentes ont été extraordinaires pour ces valeurs et ces stratégies « climat » avec des performances positives à deux, voire parfois même à trois chiffres. (ex : Neoen : +102.91% en 2020, Vestas +117.6% en 2020, EDP Renovais : +118.82% en 2020). Différents éléments expliquent par la suite la normalisation et la baisse des multiples de valorisation dont ont souffert ces valeurs. Le premier facteur se trouve dans les conséquences de la hausse des taux d’intérêt sur la perception des investisseurs des modèles d’affaires de ces entreprises. Les stratégies « climat » détiennent généralement des valeurs de croissance dont la valorisation a particulièrement été remise en cause dans ce contexte de taux plus élevés.
Les perturbations post-Covid19 ont également joué un rôle dans les retards d’exécution et ont entaché la confiance des investisseurs. Plus récemment, la baisse des prix de l’électricité (après une période extrême durant la crise énergétique subie en Europe) a continué de peser sur le sentiment des investisseurs, au même titre que les avertissements sur les profits annoncés par certains grands noms présents dans de nombreux fonds « climat ». (ex : Orsted qui a annoncé de lourdes dépréciations d’actifs suite à des problèmes opérationnels spécifiques ayant réduit la viabilité économique de certains projets aux Etats-Unis). La concentration de certaines stratégies « climat » leur a donc été particulièrement défavorable dans cet environnement.
Dans ce contexte, comment s'est comporté le fonds Dorval European Climate Initiative ?
L.T.: Depuis son lancement fin 2021 et malgré un contexte difficile pour les technologies propres en Bourse, le fonds a su se démarquer à la fois par la pureté et la singularité de son processus de gestion mais également par sa capacité à créer de la valeur et à délivrer une performance supérieure à celle de ses pairs. Sur ce sujet, le fonds s’est particulièrement démarqué en 2023 en dégageant une performance positive de près de +12.78% sur la part R (FR0013334380) et de +13.82% sur les parts I et N (I : FR0013334398, N : FR0013334372). Cette performance a permis au fonds de se placer en 2023 dans le 1er quartile de ses catégories Morningstar (Actions Secteur Ecologie) et Quantalys (Actions Sectorielles Environnement) : des catégories Actions Monde qui ont affiché une surperformance de près de 6 points en 2023.
Le processus de gestion qui (ré)concilie approche financière et extra-financière autour d’une gestion fondamentale combinant analyse macro et microéconomique y est pour beaucoup. Nous considérons en effet que la hausse importante des taux a changé la façon dont les investisseurs abordent ces technologies propres ; plus que jamais, nous devons regarder la pertinence de ces solutions à la fois sous le prisme de l’intérêt écologique mais également sous celui de la viabilité économique des entreprises qui portent ces solutions. A titre d’exemple, nous avions fait le choix de ne pas investir sur des entreprises spécialistes de l’hydrogène dès le lancement du fonds car la valorisation et la solidité de ces entreprises nous paraissaient difficilement réconciliables avec une technologie encore peu mature et qui n’est pas encore économiquement viable dans un environnement de resserrement des conditions financières.
La discipline mise en œuvre dans l’équilibre du portefeuille (style, pondération des investissements, diversification des technologies propres sur lesquelles nous étions investis) a également joué un rôle déterminant pour naviguer au mieux durant ces deux dernières années. Nous sommes par ailleurs ravis que ces performances financières et extra-financières aient été salués par l’obtention de différentes reconnaissances ces deux dernières années, parmi lesquelles, en 2023, la 1re place de la catégorie Actions à impact environnemental des Trophées de la Finance Responsable.
Quels sont les grands facteurs qui soutiennent vos convictions pour l'année 2024 (et au-delà) ?
L.T.: Nous avons identifié 5 facteurs-clés pour l’année 2024.
- L’Europe
Nous sommes convaincus du rôle pionnier de l’Europe dans l’action climatique. Cela s’illustre notamment par son ambition de devenir le premier continent neutre en carbone d’ici 2050 et de réduire de plus de 55% ses émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Cette mobilisation européenne s’observe à la fois dans le soutien politique et budgétaire des gouvernements et de l’Union européenne (ex : MaPrimeRénov’ en France), dans la mise en œuvre de réglementations engageantes sur le volet climatique (ex : mécanisme d'ajustement carbone aux frontières) ou encore dans le choix des consommateurs ou des épargnants de favoriser une offre plus responsable. (ex : développement des offres responsables, d’éco-conception ou de circuits courts). - L’accélération continue du déploiement des technologies propres
Selon l’Agence internationale de l’énergie, l’indice de déploiement des technologies propres a connu un développement continu et incessant depuis 2010. (>X3 depuis 2011). Et ce déploiement s’observe sur une multitude de technologies propres : les énergies renouvelables (solaire ou éolien), les transports (véhicules électriques, ferroviaire, biocarburants) ou encore l’efficacité énergétique (pompes à chaleur, appareils efficaces). Pour respecter la feuille de route de neutralité carbone fixée par l’Agence internationale de l’énergie, ce déploiement des technologies propres doit se poursuivre et même s’accélérer pour tripler d’ici à 2030. Autant de belles perspectives de croissance pour toutes ces technologies et d’opportunités d’investissement selon nous à long terme ! - La valorisation particulièrement attractive sur ce segment du marché actions
Même si elles ont été pénalisées en Bourse ces dernières années, ces valeurs ont continué à croître et offrent aujourd’hui un couple perspectives de croissance/valorisation que nous n’avions pas observé depuis plusieurs années. Les différents plans climatiques (Fit For 55, RepowerEU ou encore Inflation Reduction Act aux Etats-Unis), l’accélération de la prise de conscience et le déploiement d’initiatives du changement n’ont fait que renforcer ces perspectives. A titre d’illustration, le fonds Dorval European Climate Initiative affiche une croissance des bénéfices par action attendue de +15% pour 2024 pour un multiple de capitalisation des bénéfices 2024 (prix/bénéfices) de 18x. - La désinflation forte de ces derniers trimestres légitime un pivot des banques centrales et un assouplissement des conditions financières
C’est sans doute la meilleure nouvelle macroéconomique de 2023. La désinflation a été rapide, notamment en Europe et permet d’entrevoir un changement de ton de la part des banques centrales. Elle permet de relancer de nouveau le pouvoir d’achat et de soutenir progressivement la croissance. L’assouplissement des conditions financières énoncés par les banquiers centraux et attendues par les marchés est également une option intéressante pour la prise de risque et les actifs à duration longue, comme peuvent l’être les technologies propres. - Un attrait spéculatif toujours présent pour ces technologies vertes
2023 a été une année noire pour les fusions-acquisitions. Cependant, nous pensons que l’assouplissement des conditions financières pourrait relancer l’attrait spéculatif et le M&A. Ces entreprises porteuses de technologies vertes peuvent à la fois séduire des investisseurs financiers ou industriels souhaitant se décarboner tout en profitant des niveaux de valorisation actuels. Depuis son lancement fin 2021, le fonds Dorval European Climate Initiative a bénéficié de plusieurs OPA, dont notamment la dernière sur Uponor avec une prime de 68% suite à une surenchère d’acquéreurs.
Auriez-vous quelques exemples de valeurs à suivre particulièrement ?
L.T.: Nous fondons beaucoup d’espoirs sur la capacité à surperformer de Solaria Energia (énergies renouvelables), Arcadis (conseil en ingénierie et en environnement), et Sacyr (infrastructures – traitement de l’eau).
Solaria est leader dans le développement et la production d'énergie solaire en Europe du Sud dont l'objectif est de contribuer activement à la décarbonisation. Solaria est dotée d’une capacité solaire installée ou en construction de 2.7GW et vise une capacité de production renouvelable de 18GW d’ici 2030. Lors de sa journée ‘investisseurs’ fin septembre, la société a indiqué bénéficier d’un niveau de capex (dépenses d’investissement) par mégawatt au plus bas historique, lui permettant d’afficher un taux de rentabilité interne des projets à 16% (vs 12% en 2021).
Arcadis est un leader mondial du conseil en ingénierie et en environnement, offrant des solutions durables dans la conception et la gestion de projets. Les solutions d’Arcadis répondent aux demandes de clients, motivés par des tendances mondiales telles que l'urbanisation, le changement climatique, la numérisation, l'évolution des attentes des parties prenantes. En novembre dernier, Arcadis a revu à la hausse ses prévisions de marge d’EBITA pour atteindre 12.5% en 2026 (vs 11.4% attendues par le marché).
Sacyr, dernière entreprise à avoir intégré le portefeuille en novembre 2023, est un des leaders dans l’univers des infrastructures de transport. L’entreprise souhaite être un exemple en matière de développement d'infrastructures, grâce à son offre d'innovations, son engagement environnemental et son dévouement au développement personnel et professionnel de sa main-d'œuvre diversifiée. L’amélioration sensible de l’exécution opérationnelle, la revalorisation des actifs d’infrastructures, le rachat annoncé en novembre d’une obligation convertible et l’annonce d’une journée ‘investisseurs’ en avril 2024 sont autant d’atouts dans ce dossier.
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Les exemples cités reposent sur la base d’analyses propres à Dorval AM en date du 10/01/2024. Ils ne constituent pas un engagement ou une garantie. Cette dernière se réserve la possibilité de faire évoluer ses analyses.
Les chiffres cités ont trait aux années écoulées. Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures.
Comme tout investissement, les fonds gérés par Dorval Asset Management comportent un risque de perte en capital et le montant du capital investi n’est pas garanti.