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Les signes avant-coureurs d’une reprise industrielle mondiale - 5 février 2024

Le besoin de baisser le niveau des stocks a produit une dynamique négative dans l’industrie mondiale depuis 2022, dynamique qui semble toucher à sa fin. Le scenario d’une reprise industrielle en 2024 en devient plus probable.

En 1923, l’économiste Joseph Kitchin publiait une étude qui montrait que l’économie était rythmée par des cycles courts d’environ 40 mois en moyenne, soit un peu plus de 3 ans. Il en attribuait la raison aux mouvements successifs de déstockage et de restockage des entreprises industrielles. Quand les stocks sont bas et que la demande est bonne, les entreprises sont incitées à produire davantage. Après un délai variable suivant les cycles, cette production finit par faire remonter les stocks. L’incitation à produire diminue alors – surtout si la demande se réduit à ce moment-là – et, en dernier lieu, les stocks rebaissent jusqu’à un niveau compatible avec l’émergence d’un nouveau cycle. C’est dans cette dernière phase que l’industrie mondiale semble aujourd’hui se situer. Les entreprises interrogées partout dans le monde jugent en effet que les stocks sont encore trop hauts, mais moins qu’au cours des derniers mois (graphique 1).

Si l’amélioration récente parait globale – ce qui est logique pour ce secteur très mondialisé – c’est comme souvent aux Etats-Unis que la situation s’améliore le plus rapidement. Selon l’enquête ISM dans le secteur manufacturier, seuls 2 sous-secteurs (métaux et plastiques) sur 13 jugeaient les stocks de leurs clients trop élevés au moins de janvier, contre 8 secteurs sur 13 au mois de novembre dernier (graphique 2).

Une normalisation de la situation des stocks semble donc en cours, ce qui – hors choc négatif sur la demande – initierait un nouveau cycle haussier pour la production industrielle. L’indice mondial PMI manufacturier du mois de janvier 2024 est d’ailleurs remonté au niveau de 50 pour la première fois depuis 2022, essentiellement grâce au secteur des biens de consommation (graphique 3). Cela reste à confirmer, mais la remontée du pouvoir d’achat combinée à un niveau plus adéquat des stocks des industriels semble bien produire ses effets positifs.

Pour les marchés financiers, une reprise industrielle mondiale en 2024 pourrait avoir plusieurs conséquences importantes. Du côté négatif, elle réduirait le potentiel de baisse des taux d’intérêt des banques centrales. Comme le mentionnait Jerome Powell au cours de sa dernière conférence de presse, la déflation récente dans le secteur des biens, déflation favorisée par le phénomène du déstockage industriel, pourrait diminuer, ce qui rendrait un peu plus difficile le retour de l’inflation annuelle à 2%. A ce stade, ce risque ne nous semble pas majeur, d’autant que d’autres forces désinflationnistes sont à l’œuvre (celle des loyers aux Etats-Unis, par exemple). En revanche, il est clair qu’une reprise industrielle diminuerait la nécessité d’une forte baisse des taux réels pour soutenir la croissance économique. Notons que cela pourrait être un problème pour les marchés obligataires, mais pas nécessairement pour les marchés des actions, en tout pas tant que la remontée des taux longs reste modeste.

Du coté positif, les perspectives bénéficiaires des entreprises industrielles mondiales seraient bien entendu consolidées. Et surtout, l’espoir d’une sortie de l’ornière d’une industrie européenne encore très marquée par la crise énergétique de 2022, serait renforcé.

Dans nos fonds diversifiés globaux nous restons sur le positionnement suivant : surpondération des actions, une duration obligataire modérée (comme couverture en cas de ralentissement économique plus important que prévu), et du rendement monétaire en euro. Dans l’attente d’une baisse des taux de la BCE et d’une reprise progressive de l’activité, nous maintenons une forte exposition aux actions dans nos fonds flexibles européens. Dans ces fonds, outre un panier cœur proche de l’Euro 50, nous investissons dans un panier diversifié de petites et moyennes valeurs, des valeurs bancaires et des sociétés bénéficiant des thèmes de la productivité et de la transition énergétique.

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