La baisse de l’inflation européenne diminue les risques pour les actions-13 novembre 2023
La stagnation économique européenne inquiète, mais la forte baisse de l’inflation rassure. Avec une BCE plus conciliante, un potentiel de reprise économique en 2024 et une valorisation attractive, les actions européennes ont leur place dans les portefeuilles.
Alors que Jerome Powell laisse toujours planer la possibilité d’une nouvelle hausse des taux, Christine Lagarde n’écarte plus l’hypothèse de baisses des taux à partir du printemps 2024. Il faut dire qu ’avec une croissance légèrement négative au T3 (-0,1%) et une nette accélération à la baisse de l’inflation sous-jacente (graphique 1), la zone euro connait une phase conjoncturelle bien différente de celle des Etats-Unis – ce qui rend les choses intéressantes.
Soulignons d’abord que la forte baisse de l’inflation au cours des derniers mois rend moins probable le scénario cauchemar souvent évoqué d’une zone euro en proie à la stagflation, c’est à dire une stagnation économique associée à une inflation persistante. La baisse récente des prix des matières premières fait encore baisser la probabilité d’un tel scénario. La BCE peut dès lors commencer à gérer un autre risque, celui d’une récession qui faire atterrir l’inflation à un niveau trop bas. Pas question de revenir à la situation inconfortable des années 2010, celle d’une inflation trop faible, des taux négatifs et de l’explosion de son bilan.
Ce risque difficile à imaginer aujourd’hui pourrait se matérialiser si le marché du travail commençait à craquer sous le poids d’une baisse trop importante de la demande. Si l’on en croit les enquêtes auprès des entreprises, cela ne semble pas être un risque immédiat, puisque celles-ci disent vouloir certes ralentir les embauches, mais pas encore débaucher (graphique 2). La marge de manœuvre s’est cependant beaucoup réduite. Avec une politique monétaire restrictive et des politiques budgétaires européennes qui pourraient devenir moins accommodantes, le chemin devient étroit.
Pour jauger les risques d’un trou d’air économique plus fort, il faudra regarder à la fois du côté de la consommation et de la production. Côté consommation, les espoirs sont permis pour au moins deux raisons. D’abord parce que l’excès d’épargne accumulé depuis la période Covid reste important (environ 10% du revenu selon Goldman Sachs). Et ensuite parce que la désinflation permet enfin des gains de pouvoir d’achat. Même si les salaires n’accélèrent plus, ils progressent en effet désormais un peu plus vite que les prix (graphique 3).
Côté production, le choc sur les secteurs industriels les plus dépendants du gaz naturel se fait de moins en moins sentir. Après une baisse de plus de 10% de la production en moins de 18 mois, les perspectives pour ces secteurs semblent stabilisées. Les aides récentes décidées par le gouvernement allemand pourraient accompagner un début de reprise en 2024.
Nous voyons donc deux scénarios probables pour l’Europe. Un scénario de résilience économique et même de reprise progressive de la consommation, avec des taux d’intérêt relativement stables, même si la BCE pourrait baisser un peu ses taux grâce à la désinflation pour assurer la reprise. Le deuxième scénario est celui d’un trou d’air plus important sur la croissance avec remontée du chômage, scénario qui mènerait rapidement à une baisse des taux de la BCE de plus de 150 ou 200 points de base, et donc à une stabilisation économique. Dans ces deux scénarios – celui du pire, la stagflation, semblant écarté – les perspectives pour les actions européennes ne sont peut-être pas si mauvaises. C’est d’autant plus vrai que la valorisation est devenue plutôt attractive en termes de PER (graphique 4).
Dans nos fonds flexibles européens nous avons remonté nos taux d’exposition. Dans notre fonds diversifié global le plus défensif, nous avons remonté le poids des actions à son niveau neutre. Nous maintenons une duration obligataire désormais positive mais encore assez modeste. Notre moteur de rendement régulier reste le monétaire.
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