Passer au contenu
France (FR)
Donner de la valeur à vos valeurs

L’euro peut-il continuer à monter ? - 5 mai 2025

La défiance envers l’administration américaine a renforcé l’attrait des investisseurs pour la devise européenne. Mais ce regain d’optimisme sur l’euro ne pourrait-il pas être remis en question par l’apaisement des tensions commerciales et par la baisse des taux de la BCE ?

Porté à la fois par l’annonce du plan budgétaire allemand et par le choc externe de la guerre commerciale de Donald Trump, l’euro s’est nettement redressé depuis son point bas du mois de janvier. Au total depuis les élections américaines, son appréciation reste toutefois mesurée, de +4% contre le dollar et de +3% contre l’ensemble des partenaires commerciaux de la zone euro (graphique 1).

L’idée d’un affaiblissement durable du dollar, alimentée par la défiance envers l’administration américaine, entretient un consensus favorable à l’euro. Mais la récente désescalade commerciale vient nuancer cette perspective. Les experts de Goldman Sachs estiment en effet que la guerre commerciale explique 40% de la hausse récente de l’euro. Par ailleurs, la baisse des taux directeurs de la BCE — alors même que la Réserve fédérale américaine reste en retrait — accentue le différentiel de rendement au détriment de la monnaie européenne (graphique 2). Enfin, la vigueur de l’euro pourrait devenir un fardeau pour les exportateurs européens, dont près de 50% des ventes sont libellées en dollars.

Dessiner un chemin vertueux de hausse de l’euro – c’est-à-dire une hausse qui ne reflèterait pas simplement une crise de confiance dans le dollar – est cependant possible à certaines conditions. Si la désescalade commerciale se confirme, elle porterait l’espoir d’un accord bilatéral entre l’UE et les Etats-Unis, ce qui enlèverait une grosse épine du pied aux perspectives économiques européennes. De plus, une accalmie – encore très hypothétique – sur le front ukrainien aurait aussi un effet positif qui renforcerait la baisse récente des prix de l’énergie en Europe. Enfin, si la baisse des taux de la BCE permet de relancer le cycle de crédit – ce qui commence à être le cas du côté de la demande – cette baisse des taux ne serait pas mauvaise pour l’euro car elle soutiendrait l’économie domestique. Combinée à l’effet stimulant du plan budgétaire allemand, cette dynamique offrirait un terrain favorable à une appréciation progressive de l’euro, qui reste aujourd’hui sous-évalué d’environ 20% par rapport au dollar selon la parité de pouvoir d’achat estimée par l’OCDE (graphique 3).

Dans nos portefeuilles nous conservons un scénario central prudemment constructif sur les marchés des actions, soutenus par la désescalade commerciale et les politiques de soutien en Europe et en Chine. Nous restons couverts contre le risque de change. Le scénario de risque de déception économique est pris en compte dans nos gestions via des positions longues sur les obligations d’Etat européennes et américaines.

Abonnez-vous à nos reportings et actualités